Sans surprise, la hausse des taux de crédit se poursuit en juin. Depuis le début de l’année, la plupart des banques les ont ainsi augmentés de 0,50 % à 0,60 %, selon les courtiers.
Après des mois d’avril et de mai marqués par de fortes remontées de taux, la tendance haussière se poursuit en juin. La situation actuelle pèse à la fois sur les banques dont les marges sont fortement réduites et sur de nombreux emprunteurs dont les dossiers dépassent les taux d’usure.
Des taux de crédit tous orientés à la hausse
En juin, les hausses de taux de crédit vont de 0,10 à 0,40 %. Au total, depuis le début de l’année 2022, les hausses moyennes de taux sont de 0,50 %, mais atteignent 0,75 % dans certaines banques, ce qui représente une hausse de mensualité de 70 € pour un prêt de 200 000 € sur 20 ans.
1,55 % ou 1,60 % sur 20 ans en moyenne, selon les courtiers
Les taux moyens atteignent en juin 1,35 % sur 15 ans, 1,55 % sur 20 ans et 1,75 % sur 25 ans. « Mais de plus en plus de banques affichent désormais des taux supérieurs à 2 % sur 20 ans, des taux qui n’étaient plus affichés depuis 2017. Pour autant, avec un bon dossier, il est toujours possible d’emprunter à 1,10 % sur 15 ans, 1,25 % sur 20 ans et 1,45 % sur 25 ans. »
La baisse des taux d’usure, un frein pour davantage d’emprunteurs
Le taux d’usure est un seuil établi par la Banque de France au-delà duquel il est interdit pour un établissement de prêter de l’argent. Un prêt est « usuraire » lorsqu’il est consenti à un taux effectif global ou TAEG (comprenant le coût du crédit en lui-même, ainsi que le coût de l’assurance emprunteur, les frais de dossier, etc.) qui excède, au moment où il est accordé, de plus du tiers le taux effectif moyen pratiqué au cours du trimestre précédent par les banques (en fonction de la durée du prêt).
Cette méthode de calcul, en décalage, pose problème. Les taux d’usure en vigueur actuellement, depuis le 1er avril, ont été calculés sur la base des taux effectivement accordés en janvier, février et mars 2022, ainsi pour des crédits demandés parfois fin 2021 à un moment on pouvait encore emprunter avec un très bon profil à moins de 1 % sur 20 ans. La hausse des taux, récente et très forte, n’a donc pas été prise en compte ou très peu seulement.
« En phase de remontée des taux comme celle que l’on connaît actuellement, les taux d’usure sont actuellement totalement décorrélés de la réalité du marché. Pour preuve, sur 20 ans et plus (les durées de crédit les plus répandues), le taux d’usure a baissé de 20 points en un an, passant de 2,60 % à 2,40 %, alors même que les taux de crédit ont augmenté de 35 points (…). On comprend donc bien qu’aujourd’hui de nombreux emprunteurs soient de fait exclus du crédit ».
Et pas seulement les plus fragiles, avec un problème de santé ou un âge avancé. « Des personnes qui auraient pu emprunter sans problème il y a six mois ne le peuvent théoriquement plus ».
Encore des remontées de taux à prévoir ?
Dans le contexte actuel, avec des taux d’emprunt d’État à 1,6 %, de retour à leur niveau de 2014 au moment où les taux de crédit étaient à plus de 3 %, et avec une inflation à 5,2 % en mai, soit autant qu’en 1985, il est probable que la hausse des taux se poursuive dans les prochaines semaines.
« D’autant que la Banque centrale européenne (BCE) devrait faire évoluer sa politique accommodante pour freiner l’inflation dès le mois de juillet, ce qui devrait peser sur les taux comme sur la production de crédits ».