52% des Français considèrent la situation comme défavorable pour emprunter selon un sondage d’Opinion Way. Un jugement un peu rapide. Certes les taux des crédits immobiliers augmentent. Mais ils demeurent très bas.
La question est dans tous les esprits : les taux d’emprunt immobilier pourraient-ils s’enflammer à cause de la guerre en Ukraine et des poussées inflationnistes apparues avec la reprise post-confinement ?
Nous sommes dans une période de grande fébrilité. Le risque est de désolvabiliser certains ménages.
Une valeur refuge
De quoi nourrir le pessimisme ambiant à l’égard du placement pierre ? Quelque 77% des Français estiment que les taux augmentent et 88% jugent leurs banques plus exigeantes, souligne un sondage réalisé les 9 et 10 mars dernier. 52% considèrent la situation comme défavorable pour emprunter en hausse de 11 points par rapport à septembre 2021. Cependant l’immobilier reste une valeur refuge : le pessimisme est plus prononcé à l’égard de la situation économique de la France en général (73%) et du pouvoir d’achat à cause des poussées inflationnistes, une question devenue cruciale alors que les prix s’affichent en hausse de 3,6% sur un an en février, selon l’Insee.
L’OAT dix ans qui sert de référence aux taux des crédits immobiliers a dépassé 0,80% le 14 mars et atteint 0,91% le 21 mars (donnée de la Banque de France) , contre 0,19% au 31 décembre dernier, soit 0,7 point de hausse en moins de trois mois.
Mais de là à imaginer que les banques relèvent leurs taux d’emprunt dans les mêmes proportions, il y a un pas que nous ne franchissons pas. Car le crédit immobilier reste un produit d’appel et de fidélisation des banques qui acceptent un certain pincement de leurs marges.
Après une année 2021 au plancher avec des taux moyens quasiment inchangés (1,06% en décembre en moyenne selon le Crédit Logement/CSA), la remontée des taux de prêt reste modérée. L’ANIL observe une hausse de 0,2 point entre le 15 novembre et le 15 février pour les meilleurs profils sur les prêts accordés par ses partenaires (Caisse d’Epargne, Crédit Agricole, Crédit Mutuel la Banque Postale, LCL). Soit des taux d’emprunt compris entre 0,80 et 1,45% sur vingt ans. Même constat chez Saphir Financements qui a négocié pour ses clients des taux sur vingt ans de 0,80 à 1,40% en février.
La plus forte hausse inscrite au barème d’une banque régionale en ce début d’année est de 0,50%. Les banques ont toutes des objectifs de production élevés. Des décotes de taux restent possibles pour les meilleurs profils.
La remontée des taux devrait se poursuivre
Evidemment ces hausses pourraient se reproduire. Certaines banques ont ajusté deux fois leur barème en mars et elles nous préparent à une nouvelle hausse en avril. Ce qui pourrait rendre les projets d’emprunts plus compliqués pour bien des candidats. Notamment pour les primo-accédants qui risquent de se retrouver confrontés aux seuils posés par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), qui a limité la durée des prêts à 25 ans et le taux d’endettement (charge annuelle incluant l’assurance emprunteur sur salaire net avant impôts) à 35%. Ce qui restreint les projets des candidats au budget serré même s’il peut y avoir des exceptions pour 20% des dossiers. En moyenne la durée des crédits est de 22,1 ans, et 95% des demandes portent sur des crédits de 25 ans.
Cependant les exigences des banques et la peur des lendemains freinent déjà les demandes. Les candidats à l’emprunt sont moins nombreux. Si cela se prolongeait la hausse des taux pourrait affecter les prix immobiliers, mais on n’en est pas là.